De Rome à Vienne
Écrit par Jean-Marie CAVADA, publié dans
Quand on veut faire de la politique avec sincérité, c’est mieux de dire la vérité. La dirigeante du Front National qui lance des formules à l’emporte pièce pour retourner l’opinion contre l’Europe, comme un cuisinier breton lance sa crêpe pour la retourner, a vu dans le scrutin italien du dimanche 4 décembre un soulèvement massif contre l’Europe. En réalité, si le scrutin fut net pour désavouer Monsieur Renzi, qui a aussitôt démissionné, il n’était pas question d’Europe. Il voulait réformer le Sénat italien pour diminuer son pouvoir, et donc d’une certaine manière tirer un trait sur le bicaméralisme donc les Italiens s’étaient constitutionnellement équipés dès 1948 pour éviter toute dérive autoritaire après l’épisode Mussolini. Le Sénat, les régions italiennes, l’opposition politique, ont combattu le Président du Conseil italien. Il faut dire que le train des réformes que Renzi a engagé depuis le printemps 2014 a soulevé forcément des mécontentements, auxquels sont venus se joindre les bataillons mécontents de la morosité économique. Attention, danger : l’Italie entre dans une zone politique instable et la mauvaise situation des banques italiennes pourraient nourrir une crise de leur système financier, qui secoueraient l’Europe.
On a moins entendu l’extrême droite française commenter la défaite de son ami politique Monsieur Hofer, le célèbre partenaire de bal de Mme Le Pen. Car pour l’instant, le scrutin présidentiel de ce dimanche l’a bel et bien fait valser. Le vainqueur, nouveau Président autrichien, est un candidat indépendant habillé d’écologie. Les femmes se sont mobilisées massivement pour lui, les jeunes et les Bobos aussi et le débat portait sur l’Autriche renfermée sur elle-même, ou sur l’avenir du pays solidement ancré dans l’Union européenne. Les Autrichiens ont fait le deuxième choix d’une façon si claire (plus de 53% des voix) qu’en une demie heure après la fermeture des bureaux, la messe était dite. Il y aurait eu de la dignité de la part des partis de l’extrême droite – français notamment – à reconnaître que les Autrichiens ont écarté pour l’instant, les nationalistes perçus comme un danger, en réaffirmant leur attachement à l’Europe. Mais la dignité, c’est comme la vérité : moins on la sert dans la réalité, plus on la revendique dans les proclamations politique.